Définition : les constellations circumpolaires (littéralement "autour du pôle") sont
des constellations qui ne passent jamais sous l'horizon de l'observateur, à condition bien entendu qu'il soit
parfaitement dégagé (l'horizon, pas l'observateur). Il est donc théoriquement possible de les observer à toute
heure de la nuit, quelque soit la saison. En France, cela concerne la Grande et la Petite Ourses, Cassiopée,
Céphée, le Dragon et la Girafe.
Remarque : toutes les étoiles visibles à l'oeil nu ne se sont pas vues attribuer un nom, elles sont trop nombreuses (plus de 3000). Vous pouvez toutefois, en cliquant sur le bouton ! figurant à côté du nom de la constellation qui vous intéresse, consulter la liste des étoiles qui y ont reçu une appellation officielle reconnue, à quelques exceptions près, par l'UAI (Union Astronomique Internationale).
Une dernière suggestion : je vous invite cordialement à imprimer la carte n°1, et à y reporter les informations figurant ci-dessous (notamment les alignements sur lesquels nous nous appuierons), ceci afin de limiter l'emploi du portable (je sais que je me répète, mais la lumière est une véritable plaie lorsque l'on observe le ciel).
Première soirée : Grande Ourse, Petite Ourse et Cassiopée
Commençons par repérer la Grande Ourse !, ou plutôt l'astérisme ! qui lui est associé, auquel on donne parfois le nom de Grande Casserole ou de Grand Chariot. Il suffit pour cela de se tourner en direction du nord, et de chercher le groupe d'étoiles qui ressemble à ceci (mais n'oubliez pas que son orientation change en fonction de l'heure et de la saison) :
Les sept étoiles de cet astérisme sont à l'origine du terme "septentrion" parfois employé pour
désigner le Nord, puisque les romains y voyaient sept boeufs de labour, soit "septem triones" en
latin.
Quant à la constellation proprement dite (par la suite et pour simplifier les choses, je ne ferai
plus le distinguo entre la constellation et l'astérisme qui lui est rattaché), elle contient toutes les
étoiles situées dans la région délimitée par la "frontière" rouge :
Dans la mythologie grecque, elle était assimilée à la nymphe Callisto qui, bien qu'ayant fait voeu de chasteté, tomba enceinte après que Zeus lui ait conté fleurette. Lorsqu'elle apprit cela, la déesse Héra (l'épouse de Zeus) fut dans tous ses états (on peut la comprendre). Ne pouvant toutefois s'en prendre directement au maître de l'Olympe, beaucoup trop puissant, elle dirigea sa colère contre Callisto qu'elle transforma en ourse. Zeus, pris de pitié, décida de la placer sur la voûte céleste afin de la soustraire définitivement aux accès de fureur de sa compagne (vous trouverez ici ! les détails de cette sombre histoire).
Nous allons maintenant repérer Polaris (l'actuelle étoile polaire), qui appartient à la
constellation de la Petite Ourse
!. Elle doit son nom au fait qu'elle est située tout près (à moins de 1°) du pôle nord céleste, qui
est l'endroit du ciel vers lequel pointe l'axe de rotation de la Terre.
Pour la trouver, il suffit de reporter cinq fois vers le haut le bord externe de la Grande Casserole,
constitué des étoiles Dubhe et Merak. On tombe alors sur une étoile peu brillante, mais
suffisamment isolée pour qu'on ne puisse la confondre avec une autre : c'est elle !
On notera que la Petite Ourse ressemble beaucoup à la Grande, ce qui lui vaut d'être également appelée Petite Casserole ou Petit Chariot, mais les étoiles qui la constituent sont beaucoup moins brillantes. Il suffit qu'il y ait un peu de brume ou de lumière parasite, et on ne distingue alors que Polaris (l'étoile polaire) et les deux étoiles situées au bout de la Petite Casserole, à savoir Kochab et Pherkad, qui forment un petit astérisme connu sous le nom de Gardiennes du Pôle.
Si nous allons maintenant à l'opposé de la Grande Ourse par rapport à l'étoile Polaire, nous rencontrons un aure astérisme très facile à identifier : le "W" de... Cassiopée ! (qui peut être un "M" selon le moment où on l'observe !).
Nous voilà maintenant capables d'identifier les trois "CASS", à savoir :
Grande "CASS"erole - Petite "CASS"erole
- "CASS"iopée.
Dans la mythologie grecque, Cassiopée était reine d'Ethiopie. Fort belle et consciente de l'être, elle prétendait qu'elle et sa fille Andromède (voir "Les constellations d'automne") égalaient en beauté les Néréïdes (des nymphes marines), ce qui déplut fortement à Poséidon, dieu des océans. Afin d'apaiser le courroux de ce dernier, Cassiopée n'eut d'autre solution que d'offrir Andromède en pâture à un terrible monstre marin... mais je n'en dirai pas davantage. Si vous voulez connaître le dénouement de cette histoire, vous allez devoir vous rendre ici !.
Il commence à se faire tard, aussi je suggère que nous en restions là pour aujourd'hui. Bonne nuit tout le monde !
Deuxième soirée : Dragon, Céphée et Girafe
Nous allons ce soir mettre la barre un peu plus haut. Le Dragon
! est assez facile à identifier,
aussi commencerons-nous par lui. Tout d'abord, essayons de repérer les étoiles qui entourent le rectangle
de la Petite Casserole tel un bonnet péruvien : Giausar, Thuban, Edasich,
Aldhibah et Tyl*.
A partir de Tyl*, nous effectuons un virage serré et remontons jusqu'à l'étoile appelée
Eltanin. Cette dernière, relativement brillante, se trouve à l'opposé de Kochab par rapport
à Aldhibah. Elle fait partie de la tête du Dragon et "regarde" l'une des étoiles les plus brillantes
du ciel : Véga (voir "Les constellations d'été").
Les Sumériens voyaient dans cette constellation un immense serpent, incarnation de la déesse Tiamat.
Cette dernière fut tuée par le dieu Mardouk, qui utilisa son torse pour créer les cieux et ses membres
inférieurs pour façonner la terre
!.
Pour les Grecs anciens, il s'agissait tantôt du dragon appelé Ladon, chargé de surveiller les pommes d'or
du Jardin des Hespérides
!, tantôt de celui qui gardait
la toison d'or dans le royaume de Colchide.
Restons dans la mythologie grecque, et allons à la rencontre de Céphée !, roi d'Ethiopie, mari de Cassiopée et père d'Andromède. La constellation qui lui est associée étant assez discrète, nous nous appuierons sur les alignements figurant sur la carte ci-dessous pour la localiser. Alderamin, étoile la plus brillante, est facile à trouver : il suffit de reporter quatre fois la barre droite du "W" de Cassiopée (constituée des étoiles Caph et Shedar) vers le "haut".
Bon, nous avons gardé le plus dur (et, il faut bien le dire, le moins intéressant) pour la fin : la constellation de la Girafe. Cette dernière est une création relativement récente, puisqu'on la doit à Jakob Bartsch (le gendre de Képler), qui l'inventa en 1624 dans le seul but de combler un vide. Dans cette zone relativement étendue, on ne trouve en effet aucune étoile brillante, et il suffit qu'il y ait un poil de brume pour que l'on arrive pas à les distinguer. Il est pourtant aisé de la localiser, puisqu'elle se trouve dans le prolongement de la queue de la Petite Casserole.
Un conseil : ne perdez pas trop de temps avec cette constellation, essayez seulement de mémoriser (en gros) la région du ciel où elle se trouve. Je n'ai rien contre les girafes, mais il faut bien reconnaître que celle-ci manque cruellement de personnalité. Un objet toutefois mérite d'être observé aux jumelles quand la Girafe est haut dans le ciel (donc en hiver) : il s'agit d'un bel astérisme (découvert en 1980) constitué d'une longue chaîne d'étoiles appelée Cascade de Kemble, que vous pouvez admirer sur l'image ci-dessous.
Pour la trouver, le plus simple est de partir de la constellation de Cassiopée, et de prolonger (une seule fois) le segment constitué des étoiles Caph et Segin.
Eh bien voilà, nous avons fait le tour des constellations circumpolaires ! Une fois qu'elles seront parfaitement assimilées, nous pourrons aller plus avant dans notre apprentissage et partir à la découverte des constellations saisonnières...
En attendant, bonne nuit à toutes et à tous, et faites de beaux rêves remplis d'étoiles !
Astronomie pour les myopes -
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