Il y a belle lurette, vivait en Ethiopie un roi nommé Céphée. Sa femme, la reine Cassiopée, était à ce qu'on dit d'une beauté renversante, à en couper le souffle d'Eole. Elle le savait la péronnelle, et la modestie ne l'étouffant pas, elle n'avait de cesse de clamer à qui voulait l'entendre qu'elle et sa fille Andromède surpassaient en éclat les Néréides (une variété de nymphes que l'on ne rencontre qu'en mer). Tout cela finit, c'était inévitable, par atteindre les divines oreilles de l'ombrageux Poséidon, dont le sang ne fit qu'un tour.
Dès lors, les calamités s'abattirent sur le royaume de Céphée : vents violents, tempêtes de sable, mer démontée, grèves des cheminots, et j'en passe... Soupçonnant que la cause de ces fléaux puisse être d'origine surnaturelle, le roi manda le prêtre de Poséidon et le somma d'interroger les dieux à ce sujet. Le verdict tomba, sans appel, tel un couperet : la reine Cassiopée ayant offensé les Néréides par son outrecuidance, elle n'avait d'autre choix que d'offrir sa fille Andromède en sacrifice à Poséidon, afin d'apaiser son légitime courroux.
Andromède, résignée, accepta la sentence avec courage et se laissa conduire sur la berge,
où on l'enchaîna à un gros rocher : c'est ainsi qu'elle fut livrée en pâture à un terrible monstre
marin. Ce monstre fabuleux a d'ailleurs laissé son emprunte sur la voûte céleste, puisqu'il y figure
toujours sous la forme d'une constellation qui nous est familière : la Baleine.
L'immonde créature s'apprêtait à ne faire qu'une bouchée de la princesse quand soudain, semblant
crever le ciel et venant de nulle part, surgit un cheval blanc. Lentement, les ailes déployées,
lentement, on le vit tournoyer. C'était l'étalon Pégase que chevauchait l'intrépide Persée (dans une
autre version, Persée se contente de chausser les sandales ailées du dieu Hermès, mais ici nous ne
lésinerons pas sur les moyens, c'est le contribuable qui paye).
Le valeureux personnage, de retour d'un long périple au cours duquel il dût affronter moult
périls, ne revenait pas les mains vides. Ayant vaincu la Gorgone Méduse - dont le regard pouvait changer
en pierre quiconque osait lever les yeux sur elle - il en rapportait la tête, enveloppée dans un
sac. Se précipitant au devant du danger, il la sortit de sa besace et la présenta au monstre
infernal, qui fut pétrifié sur le champ.
Andromède était hors de danger, et la malédiction prenait fin. En guise de récompense, Persée se vit
offrir la main de la princesse (et le reste aussi car Céphée n'était pas mesquin), ce qui le combla
d'aise. C'est ainsi que cette bande de joyeux drilles - Baleine et Pégase compris - furent placés dans
le ciel, afin que personne n'oublie leur histoire. Cassiopée toutefois, cause de tant de malheurs, fut
condamnée à tourner éternellement autour du pôle Nord céleste. Lorsque la constellation passe sous le
pôle, la reine Cassiopée, se tenant alors la tête en bas, est jetée à bas de son trône qu'elle ne retrouve que quelques
heures plus tard, histoire de mettre un frein à son orgueil.
Au moyen-Orient, la constellation de Cassiopée est vue tantôt comme un chameau, tantôt comme une main teintée de henné, ou encore comme la main tachée de sang de Fatima, fille du prophète Mahommet.
Chez les Romains elle est appelée simplement le Trône, parfois la Chaise en raison de sa forme.
Cette constellation représente chez les Lapons le bois d'un élan ou un attelage de cinq rennes. Quant
aux Chinois, ils y ont vu un simple chariot.
Astronomie pour les myopes -
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