De tout temps l'homme a tourné son regard vers le ciel, se posant la question de sa place dans
l'univers et de sa destinée. Il semble donc raisonnable de penser que l'invention des constellations
a d'abord procédé de la nécessité d'apprivoiser ce ciel, demeure de divinités pour le moins
capricieuses et pas toujours bienveillantes, dont les turpitudes sont relatées dans de nombreux mythes.
Bien entendu, identifier les figures formées par les étoiles revêt avant tout un intérêt pratique,
lesdites figures permettant de se repérer dans l'espace et dans le temps, ce qui peut s'avérer
indispensable lorsque l'on navigue en haute mer ou que l'on pratique l'agriculture. Si l'on veut, par
exemple, connaître le meilleur moment pour semer des graines, l'observation du ciel est incontournable
puisqu'elle seule permet de rester en accord avec le rythme des saisons, les phénomènes terrestres
étant par nature trop imprévisibles et irréguliers pour que l'on puisse s'appuyer uniquement sur eux.
C'est ainsi que dans l'Egypte ancienne, on se basait sur l'observation du
lever héliaqueDu grec "ήλιος" (helios) signifiant Soleil, le lever héliaque
d'une étoile correspond à la première apparition de celle-ci à l'Est, au dessus de l'horizon, à l'aube,
juste avant que le Soleil ne se lève.
de l'étoile Sirius (que les égyptiens appelaient Sothis) pour anticiper le retour des grandes chaleurs
et de la crue du Nil, qui inondait alors les vallées et apportait le limon noir, fertilisant naturel
indispensable aux cultures. Quant à Vindemiatrix (littéralement la "vendangeuse"), petite étoile de la
constellation de la Vierge, son lever héliaque était considéré par les Grecs et les Romains comme
annonciateur de la période des vendanges.
Il est aujourd'hui admis que nos constellations sont en grande partie originaires de Mésopotamie, des
tablettes d'argile suggérant d'ailleurs - du moins pour certaines d'entre elles - une origine très
ancienne, peut-être antérieure au XIIè siècle av J.-C.. Les récits de voyageurs et les échanges
commerciaux vont faciliter leur transmission au monde grec antique, qui va rapidement les assimiler
- notamment celles du zodiaque - après leur avoir bien entendu fait subir quelques transformations,
histoire de les adapter à la culture locale.
Au nombre de quarante-huit, les constellations grecques seront définitivement fixées au premier siècle
de notre ère par l'astronome Claude Ptolémée et, chose extraordinaire, nous parviendront inchangées, à
quelques détails près. Il va ensuite falloir attendre le début du XVIIè siècle pour que de nouvelles
constellations voient enfin le jour, en particulier celles de l'hémisphère sud, et le début du XXè
siècle pour que leur liste définitive - quatre-vingt-huit au total - se voit approuvée par l'UAI
(Union Astronomique Internationale), seul organisme désormais habilité à nommer les astres.
Voilà pour l'idée générale. Vous pouvez bien entendu vous contenter de ce maigre résumé et passer votre chemin, mais s'il vous reste un minimum de dignité je vous invite à prendre votre courage à deux mains et à consulter les chapitres qui suivent. Ces derniers sont classés chronologiquement, mais peuvent être lus indépendamments les uns des autres.
Sources
Brown (Kevin J.) : Cartes célestes, du XVI au XIX siècle,
Ed. Prisma
Florisoone (André) : Les origines chaldéennes du zodiaque
Ciel et Terre, Bulletin de la Société Belge D'Astronomie, de Météorologie et de Physique du Globe,
novembre 1950 , pp.256-268
http://adsabs.harvard.edu/full/1950C%26T....66..256F
Gallica BnF - Bibliothèque nationale de France
Haddad (Leïla) et Duprat (Guillaume) : Cosmos, une
histoire du ciel, Ed. Seuil
Laffitte (Roland) : Naissance et diffusion du zodiaque mésopotamien,
Eurasie n°18
Linda Hall Library
Mesnard (Henri) : Les noms arabes des étoiles
Ciel et Terre, Bulletin de la Société Belge d'Astronomie, de Météorologie et de Physique du Globe,
novembre 1949, pp.1-19
http://articles.adsabs.harvard.edu//full/1949C%26T....65....1M/0000001.000.html
Nazé (Yaël) : Astronomies du passé - De Stonehenge aux pyramides mayas,
Ed. Belin
Nazé (Yaël) : Les instruments anciens : volvelles
http://www.ago.ulg.ac.be/PeM/Docs/leciel_volvelles.pdf
Owenden (Mickaël) : Origine des constellations
L'Astronomie, janvier 1967, pp.1-18
http://articles.adsabs.harvard.edu//full/1967LAstr..81....1O/0000001.000.html
Vigoureux (Jean-Marie) : Les pommes de Newton. Ed. Albin Michel Sciences
L'encyclopédie du ciel, collection Bouquins, Ed. Robert Laffont
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