Nous ne saurons sans doute jamais qui fut le premier à émettre l'hypothèse selon laquelle la Terre
a la forme d'une sphère. On porte généralement cette idée au crédit de Pythagore
(~ 580 - 495 av J.-C.), mais ce dernier ne nous ayant pas laissé d'écrits, il n'y a aucune
certitude à ce sujet. On sait par contre que son disciple
ParménideNé à Elée aux alentours de 510 av J.-C. dans une riche famille,
Parménide considère que le mouvement n'est qu'une illusion, la réalité se trouvant
au-delà des apparences, dans l'être, immuable, indivisible et éternel.
Son disciple Zénon d'Elée défendra ces principes en énonçant ses fameux paradoxes,
notamment celui d'Achille qui ne peut rattrapper une tortue à la course, et celui de la flêche qui
n'atteint jamais sa cible.
enseigne aux
alentours de 470 av J.-C. que la Terre est une sphère isolée dans l'espace. Ce point de vue est
alors essentiellement motivé par des critères d'ordre philosophiques et esthétiques : Dieu étant
le créateur de toute chose, le monde ne peut qu'être à son image, c'est à dire parfait. Or, s'il
est une figure géométrique à même d'incarner l'idée de perfection, c'est bien la sphère !
Nous devons également à Parménide la théorie selon laquelle le globe terrestre serait divisé en cinq zones climatiques : deux zones glacées situées près des pôles, une zone brûlante infranchissable coïncidant avec l'équateur, et enfin deux régions tempérées - les seules qui soient habitables - prises en sandwich entre les pôles et l'équateur.
Au IVè siècle av J.-C., le philosophe Platon dépeint dans son Timée un Univers ayant la forme d'une sphère divisée en quatre couches concentriques, au centre duquel siège la Terre, elle-même sphérique. C'est toutefois son élève Aristote (384 - 322 av J.-C.) qui avancera les premiers arguments solides en faveur de cette sphéricité.
En premier lieu, nous dit Aristote, lors des éclipses lunaires, l'ombre portée de la Terre sur la Lune est toujours ronde, quel que soit le moment de la journée où l'éclipse se produit (autrement dit quelle que soit l'orientation de la Terre dans l'espace), ce qu'il est difficile d'expliquer (c'est un euphémisme !) si l'on considère que la Terre a la forme d'une galette, ou d'un cylindre, ou d'un assiette creuse...
D'autre part, lorsque l'on change de latitude (donc quand on voyage vers le nord ou vers
le sud), on ne voit plus tout à fait les mêmes étoiles : certaines deviennent invisibles car elles
disparaissent sous l'horizon, tandis que dans la direction opposée d'autres apparaissent au-dessus
de l'horizon (alors qu'elles étaient invisibles jusque là).
Quelques siècles plus tard, l'historien et géographe grec
Strabon
"Je m'ferais bien un bowling..."
(de 64 av J.-C. à 25 ap J.-C.), également philosophe à ses heures,
utilisera un autre argument : lorsqu'un bateau s'éloigne en mer, on voit d'abord disparaître
sa coque, ses voiles restant visibles un moment avant de disparaître à leur tour. Selon Strabon,
un certain Cratès aurait d'ailleurs confectionné une sphère pour représenter
la Terre, réalisant peut-être le tout premier globe terrestre.
Aristote ne se contente pas de démontrer que notre planète est une sphère. Physicien (et surtout logicien) dans l'âme, il explique également pourquoi il doit en être ainsi : puisque la Terre résulte de l'agrégation de ses différentes parties, et que chacune de ces parties a naturellement tendance à se mouvoir vers un point central, cette dernière ne peut donc, pour des raisons de symétrie, adopter d'autre forme que sphérique. Voilà...
Astronomie pour les myopes -
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