Astronomie pour les myopes

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Les constellations d'été



"Tiède est le vent
Chaud est le temps
Fraîche est ta peau
Doux, le moment"

Extrait du poème Vacances, d'Esther Granek.


Les douces nuits estivales, rythmées par le champ des grillons, s'apprêtent à dévoiler leurs charmes éthérés. Encore faudra-t-il, pour en profiter pleinement, disposer de la carte n°3. Je mets également à votre disposition, pour chaque soirée d'observation, une carte qui se limite à la région étudiée.

Avertissement : je pars ici du principe que les constellations circumpolaires sont assimilées. Si tel n'est pas cas, je vous invite à pallier de toute urgence cette impardonnable lacune.




Première soirée : Lyre, Cygne et Aigle    (carte disponible ici !)

C'est un véritable jeu d'enfant qui nous attend ce soir, le repérage de ces trois constellations étant grandement facilité par l'éclat de leurs étoiles principales.
Commençons par la Lyre !, qui dans la mythologie grecque représentait l'instrument de musique d'Orphée (ou d'Apollon selon les versions). Cette petite constellation abrite en son sein la brillante Véga, cinquième étoile la plus lumineuse du ciel. Repérer cette dernière est chose vraiment aisée : elle se trouve à proximité de la tête du Dragon, qui semble la regarder.

Le Dragon et la Lyre

La constellation de la Lyre abrite une nébuleuse bien connue des astronomes amateurs : la "nébuleuse de la Lyre", encore appelée "nébuleuse de l'Anneau", située à près de 2300 années-lumière de la Terre, et qui résulte de la mort d'une étoile.

Nébuleuse de la Lyre
La nébuleuse de l'Anneau (M 57)

Poursuivons notre route... Après Véga, un virage à angle droit nous mène à un astre également très lumineux, Deneb, étoile la plus brillante de la constellation du Cygne !. Tirant son nom de l'arabe signifiant "queue", Deneb correspond à la queue de l'oiseau sous la forme duquel le dieu de l'Olympe, Zeus, s'est réfugié dans les bras de la belle Léda, tandis qu'il était poursuivi par un aigle.
Signalons au passage que les étoiles Deneb, Albiréo, Aljanah, Sadir et Fawaris forment un bel astérisme appelé Croix du nord.

La Lyre et le Cygne


Les étoiles Deneb et Véga dessinent elles-mêmes le côté d'un grand triangle dont le troisième sommet est matérialisé par Altaïr, étoile principale de la constellation de l'Aigle. Cet astérisme est l'un des plus connus de la voûte céleste : il s'agit du célèbre Triangle d'été.

La Lyre, le Cygne et l'aigle

Quant à la constellation de l'Aigle !, elle représentait dans la mythologie grecque l'aigle de Zeus, qui emporta Ganymède dans les cieux afin de servir d'échanson aux dieux de l'Olympe. Dans une autre version, elle figurait l'aigle qui, tous les jours, venait dévorer le foie du titan Prométhée, enchaîné sur le mont Caucase !.




Deuxième soirée : Hercule et Couronne Boréale    (carte disponible ici !)

Bien que constituées d'étoiles d'éclat relativement modeste, ces constellations sont aisées à repérer puisqu'elles se trouvent sur la ligne joignant les deux étoiles les plus brillantes de l'hémisphère nord, à savoir Véga et Arcturus. Cette dernière, présentant un bel éclat orangé, est située dans le prolongement de la queue de la "Grande Casserole" (voir "Les constellations de printemps").

Commençons par Alphecca : elle se trouve à proximité du premier tiers du segment de droite formé par Arcturus et Véga. Il s'agit de l'étoile la plus brillante de la Couronne Boréale !, petite constellation formant un arc de cercle dont le repérage ne pose pas de difficulté majeure. Une fois ceci fait, localiser l'astérisme ! portant le nom de Trapèze d'Hercule ! n'est guère plus compliqué, celui-ci se trouvant exactement à mi-chemin entre Alphecca et Véga.

Hercule et la Couronne Boréale


Dans la mythologie grecque, la Couronne Boréale figurait la couronne offerte à Ariane, fille du roi Minos, lors de son mariage avec Dionysos, dieu de la vigne. Quant à Hercule, il est inutile de présenter ce dernier (vous pourrez toutefois parfaire vos connaissances sur le sujet en vous rendant ici ! et là !).

Nous ne pouvons quitter la constellation d'Hercule sans évoquer le splendide amas d'étoiles qu'elle renferme en son sein, l'un des plus beaux du ciel, distant de 22 000 années-lumière de la Terre.

L'amas d'Hercule
L'amas d'Hercule (M 13)

Cette soirée d'observation tire déjà à sa fin, aussi je vous dis à très bientôt pour de nouvelles aventures !




Troisième soirée : Ophiuchus et Serpent    (carte disponible ici !)

Ce soir nous nous attaquons à un "gros" morceau. Déterminer les limites d'Ophiuchus ! - également appelée Serpentaire - n'est en effet pas chose aisée : d'une part elle est relativement étendue, d'autre part elle est constituée d'étoiles dont l'éclat, sauf exceptions, est plutôt modeste. Commençons par repérer Ras Alhague, qui forme avec Véga et Altaïr un triangle presque isocèle. Si nous prolongeons l'axe Véga - Ras Alhague, nous passons à proximité d'une étoile assez lumineuse (mais basse sur l'horizon), présentant un éclat orangé : il s'agit d'Antarès (que nous retrouverons lors de notre prochaine soirée). Eh bien Ophiuchus se trouve entre Ras Alhague et Antares. Voilà, tout est dit, alors à vous de jouer !

Ophiuchus


Un dernier mot à propos d'Ophiuchus : elle fait partie des constellations du zodiaque, qui sont donc au nombre de treize (et non pas douze), même si l'astrologie traditionnelle n'en tient pas compte. Dans la mythologie grecque, elle représentait Asclépios, dieu de la médecine qui apprit les bases de son métier auprès du centaure Chiron (avant de faire son internat à Montpelier). L'un de ses attributs, le serpent, a lui aussi laissé son empreinte sur la voûte céleste.

La constellation du Serpent ! présente une particularité unique : elle est scindée en deux parties. La Queue du serpent, constituée d'étoiles relativement peu lumineuses, se trouve juste entre l'Aigle et Ophiuchus. Quant à la Tête du serpent, elle occupe en gros la première moitié de la ligne joignant Alphecca (Couronne Boréale) à Antarès.

Le Serpent


Dans la mythologie grecque, cette constellation était généralement assimilée au serpent qui révéla à Asclépios les secrets de la médecine. Il y aurait encore bien des choses à raconter à ce sujet, mais il faut savoir être raisonnable. Bonne nuit à toutes et à tous, faites de beaux rêves...




Quatrième soirée : Balance, Scorpion et Sagittaire    (carte disponible ici !)

Cette fois-ci nous n'aurons guère besoin de lever la tête, ces trois constellations restant toujours proches de l'horizon. Pour trouver la constellation de la Balance !, relativement discrète, nous allons nous appuyer sur deux étoiles bien lumineuses : Antarès, que nous avons déjà rencontrée la nuit précédente, et Spica, qui marque la constellation de la Vierge (voir "Les constellations de printemps"). La Balance se trouve, à peu de choses près, à mi-chemin entre les deux.

La Balance

Elle faisait autrefois partie de la constellation du Scorpion, dont elle figurait les pinces. Les Grecs la considéraient tantôt comme la balance utilisée par Zeus pour déterminer le sort des Grecs et des Troyens (lors de la guerre de Troie), tantôt comme le symbole de la justice exercée par Thémis.

La constellation du Scorpion !, située "en dessous" d'Ophiuchus, est assez facile à repérer, et ce d'autant plus que nous avons déjà fait connaissance avec son étoile principale, Antarès. Nous n'en voyons toutefois qu'une partie depuis nos latitudes car les étoiles les plus basses du Scorpion, celles qui représentent sa queue, passent au ras de l'horizon quand ce n'est pas en dessous.

Le Scorpion

Chez les Grecs anciens, il représentait le scorpion géant qui tua le chasseur Orion ! en lui plantant son dard dans le pied (saloperie de bestiole).

Bon, ne traînons pas, je vous rappelle qu'une dernière constellation - et pas des moindres, puisqu'il s'agit du Sagittaire ! - nous attend. Située à gauche du Scorpion et constituée d'étoiles assez brillantes, elle est d'autant plus facile à repérer qu'elle abrite en son sein un fameux astérisme appelé la Théière.

Le Sagittaire

Comment cela, vous ne la voyez pas ? M'enfin, faites un effort, il n'y a là rien de bien compliqué !

La Théière

Ah, tout de même ! Et n'oubliez surtout pas de verser un nuage de lait dans le thé sortant de cette théière cosmique : c'est en effet dans la direction du Sagittaire que se trouve le centre de notre galaxie, la Voie Lactée.

Nébuleuse du Trêfle
Nébuleuse du Trêfle, dans la
constellation du Sagittaire

Pour en finir avec la constellation du Sagittaire, l'origine de cette dernière reste incertaine. Elle aurait été introduite dans le zodiaque au Vè siècle av J.-C. par un certain Cléostrate de Ténédos, et représenterait le centaure Pholos (mais là non plus, il n'y a pas de certitude).

Voilà, nous avons atteint l'objectif que nous nous étions fixé, à savoir trois nouvelles constellations. C'est donc avec le sentiment du devoir accompli que nous allons nous souhaiter une bonne nuit et regagner nos pénates. A demain si le temps le permet...




Cinquième et dernière soirée : Flèche, Petit Renard, Dauphin et Ecu de Sobieski

Cette soirée d'observation est facultative, ces quatre petites constellations étant relativement insignfiantes.
Retour sur la constellation du Cygne, qui va nous servir de repère. A mi-distance d'Albiréo et d'Altaïr, quatre étoiles peu lumineuses dessinent la constellation de la Flèche !. Selon les versions, il s'agit d'une flèche décochée par Héraclès, par Cupidon, ou encore par le Sagittaire.

Entre la Flèche et Albiréo, quelques étoiles encore moins lumineuses forment la constellation du Petit Renard !, visible uniquement lorsque le ciel est parfaitement noir et dégagé. Créée à la fin du XVIIe siècle pour combler un espace vide, cette constellation s'appelait initialement le Petit Renard et l'Oie, et représentait un renard tenant une oie dans sa gueule.

La Flèche, le Petit Renard et le Dauphin

Si l'on part maintenant d'Altaïr en suivant la direction indiquée par la Flèche, nous tombons sur un petit groupe d'étoiles dessinant une sorte de cerf-volant : il s'agit de la constellation du Dauphin !. Dans la mythologie grecque, cet animal était consacré à Poséidon, qui fit placer son image dans les cieux pour le remercier d'avoir arrangé son mariage avec Amphitrite.

Une dernière constellation nous attend, elle aussi très discrète : l'Ecu de Sobieski !. Située à "gauche" (à l'est) de la constellation du Serpent, elle est facile à repérer, à condition toutefois qu'il n'y ait ni voile de brume ni lumières parasites, tant ses étoiles sont palotes.

L'Ecu de Sobieski

L'Ecu de Sobieski partage avec la Chevelure de Bérénice une particularité unique : ce sont les seules constellations dont le nom est associé à un personnage historique. Cette petite constellation, qui a été créée en 1684 par l'astronome Johannes Hevelius, doit en effet son nom au roi de Pologne Jean III Sobieski, qui défendit son pays contre l'envahisseur Turc et remporta en 1683 une grande bataille, alors que l'ennemi était aux portes de la ville de Vienne. C'est, parait-il, pour commémorer cet événement que le croissant aurait été inventé : on raconte en effet qu'un boulanger, levé bien avant l'aube, aurait donné l'alerte alors que les troupes ennemies s'apprêtaient à attaquer la ville, profitant de l'obscurité. Depuis lors, les boulangers continuent de confectionner ces petites viennoiseries dont la forme rappelle le croissant figurant sur le drapeau ottoman.

Voilà pour les constellations d'été. Les nuits commencent à se faire plus longues et surtout plus fraiches, annonçant l'arrivée imminente de l'automne, où nous attendent de nouvelles constellations. Nous avons donc encore du pain sur la planche...

Printemps

Automne

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