Astronomie pour les myopes

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Les constellations de printemps



"Voilà
la rose est rouge
les amoureux s’embrassent
et partagent leur âme
assis sur le banc chaud"

Extrait du poème "Voilà la rose", d'Elodie Santos.


Maintenant que les beaux jours sont (en principe) de retour, nous n'avons plus d'excuses pour rester enfermés à la maison. Cela tombe bien, puisqu'il va nous falloir plusieurs soirées pour découvrir les constellations dites de printemps. Nous utiliserons pour cela la carte n°2. Je mets également à votre disposition, pour chaque soirée d'observation, une carte qui se limite à la région étudiée.

Avertissement : je pars ici du principe que les constellations circumpolaires sont assimilées. Si tel n'est pas cas, je vous invite à pallier de toute urgence cette impardonnable lacune.




Première soirée : Lion, Cancer et Petit Lion    (carte disponible ici !)

Alors que les constellations d'hiver (Orion, Taureau, Gémeaux...) tirent leur révérence, celles de printemps, lentement mais sûrement, viennent les remplacer. Nous découvrirons ce soir trois d'entre elles, en commençant par la plus grande et la plus belle : le Lion !. Nous allons pour cela prendre la Grande Ourse comme point de départ : si nous prolongeons une dizaine de fois le segment défini par Megrez et Phecda, nous tombons sur deux étoiles brillantes appelées Algieba et Régulus. Sur leur "gauche", les trois étoiles appelées Denebola, Zosma et Chertan forment la "croupe" du Lion, tandis que le groupe d'étoiles allant de Regulus à Rasalas (en passant par Algieba) forme un astérisme appelé la Faucille, qui correspond à la crinière du fauve.

La Grande Ourse et le Lion

Ce lion n'est pas le premier venu : il s'agit bien entendu du fameux lion de Némée, qui dévastait les troupeaux de boeufs et de moutons de la région... de Némée, et qu'Héraclès parvint à vaincre lors d'un combat singulier. Eradiquer ce fléau faisait d'ailleurs l'objet du premier des douze travaux que le héros Grec se vit imposer par son cousin Eurysthée (voir ici ! pour plus de détails).

Les deux autres constellations sont nettement plus discrètes. Le Cancer !, constitué exclusivement d'étoiles peu lumineuses, est pour l'essentiel inscrit dans le triangle formé par les étoiles Régulus, Pollux et Procyon (voir les "constellations d'hiver"). Il représente le crabe géant auquel Héraclès règla son compte juste après avoir tué l'abominable Hydre de Lerne (voir ici !).

Le Lion, le Cancer et le Petit Lion

Quant au Petit Lion, créé en 1660 par Johannes Hevelius afin de combler un espace vide, il se trouve juste entre la Grande Ourse et le Lion, à mi-chemin (ou presque) entre les deux Alula et Elvashak* (étoile la plus brillante du Lynx). Soyons honnêtes : on peut facilement faire abstraction de cette petite constellation tant elle présente peu d'intérêt.




Deuxième soirée : Bouvier, Chiens de chasse et Chevelure de Bérénice    (carte disponible ici !)

Trois nouvelles constellations nous attendent donc ce soir. Le Bouvier ! est très facile à trouver : si nous prolongeons la queue de la Grande Casserole (en tournant un peu dans le sens inverse des aiguilles d'une montre) nous rencontrons une étoile présentant un vif éclat orangé. Il s'agit d'Arcturus, troisième étoile la plus brillante du ciel après Sirius et Canopus. L'identification de la constellation ne pose dès lors aucune difficulté : elle ressemble à un cerf-volant, formé notamment par les étoiles Arcturus, Izar, Nekkar et Seginus. Les grecs appelaient cette constellation "Arctophylax", c'est-à-dire "le Gardien de l'Ours", en raison de sa proximité avec la Petite et la Grande Ourses. Cela peut paraître étrange de prime abord, mais s'explique parfaitement si l'on met en parallèle les mythologies grecque et romaine : dans la Rome antique, la constellation de la Grande Ourse est en effet vue comme une charrue tirée par des boeufs, et la présence d'un bouvier devient dès lors naturelle.

La Grande Ourse et le Bouvier

A mi-chemin entre Seginus et Alula (Borealis), une étoile isolée et "relativement" brillante nous attend : il s'agit de Cor Caroli, étoile principale de la petite constellation des Chiens de chasse !, introduite en 1687 par Johannes Hevelius. Elle représente selon son inventeur les deux chiens du Bouvier, à savoir Chara (qui deviendra Cor Caroli) et Astérion (qui sera remplacée par Chara).

Juste "en-dessous" des Chiens de chasse, inscrite dans le triangle matérialisé par Arcturus, Cor Caroli et Denebola, s'étend la discrète Chevelure de Bérénice !, qui fut nommée ainsi en raison de la présence de l'amas d'étoiles appelé aujourd'hui Melotte 111 (entouré en bleu).

Les chiens de chasse

Cette magnifique chevelure appartenait à la reine Bérénice II d'Egypte, qui promit à la déesse Aphrodite qu'elle la lui offrirait si son époux (le pharaon Ptolémée III) revenait indemne d'une expédition militaire en Syrie (voir ici !).

Eh bien voilà, nous avons atteint l'objectif que nous nous étions fixés (apprendre trois nouvelles constellations), aussi n'irons nous pas plus loin ce soir, il faut savoir être raisonnables ! Bonne nuit tout le monde et à très bientôt...




Troisième soirée : Vierge et Corbeau    (carte disponible ici !)

Arcturus et Spica

Commençons par repérer Spica, étoile la plus brillante de la constellation de la Vierge ! (et quinzième étoile la plus brillante du ciel).



Il suffit pour cela de prolonger la queue de la Grande Casserole jusqu'à Arcturus, puis de continuer dans la même direction (en tournant un peu) jusqu'à atteindre une étoile très lumineuse, pas très haute sur l'horizon : c'est elle, on ne peut pas la louper !






Spica est également appelée l' "Epi de la Vierge" : pour les Romains en effet, cette étoile était associée à Cérès, déesse de l'agriculture.

Passons maintenant aux choses sérieuses : nous allons tâcher d'identifier les principales étoiles de la constellation de la Vierge. Pour cela, nous partirons des étoiles Arcturus, Denebola (queue du Lion) et Spica.

Légérement en dessous du milieu de la ligne joignant Arcturus à Denebola, nous pouvons admirer Vindemiatrix, alias "la Vendangeuse", que les Grecs et les Romains considéraient comme annonciatrice de la période des vendanges.
Si l'on part de Spica en nous dirigeant vers Denebola, nous tombons sur Porrima, dont le nom correspond à celui d'une déesse romaine invoquée lors des accouchements. Quant à Heze, il suffit de parcourir le premier tiers du segment joignant Spica à Arcturus pour la trouver.

La Vierge

Notons au passage que les étoiles Arcturus et Spica forment avec Régulus un grand astérisme appelé Triangle de printemps.

Entre les étoiles Vindemiatrix et Denebola se trouve le plus bel amas de galaxies visible dans un télescope d'amateur, l'amas de la Vierge, distant d'environ soixante millions d'années-lumière !

La chaîne de Markarian
La "Chaîne de Markarian", dans l'amas de la Vierge

Nous allons maintenant nous mettre en quête de la petite constellation du Corbeau !. Sa localisation est aisée : il suffit de prolonger une fois le segment constitué des étoiles Vindemiatrix et Porrima et nous sommes arrivés à bon port.

La Vierge et le Corbeau

Dans la mythologie grecque, le Corbeau était à l'origine d'un blanc immaculé. Malheureusement pour lui, lorsqu'il vînt annoncer au dieu Apollon que sa petite amie, la reine Coronis, le trompait avec un certain Ischys, le fils de Zeus entra dans une telle colère que l'oiseau de mauvais augure en fit les frais : le dieu jaloux changea la couleur de son plumage, qui depuis lors est noir comme le charbon.

Etant arrivés au terme de cette soirée d'observation, nous pouvons regagner nos pénates avec le sentiment du devoir accompli. Bonne nuit tout le monde et à bientôt...




Quatrième et dernière soirée : Hydre femelle, Coupe et Sextant    (carte disponible ici !)

L'Hydre femelle ! est la constellation la plus étendue de la voûte céleste, mais cela ne doit pas nous effrayer. Commençons par repérer la constellation du Lion, et reportons une fois le segment constitué des étoiles Chertan et Regulus. Nous tombons alors sur un petit groupe d'étoiles dont l'éclat est assez modeste : il s'agit de la tête de l'Hydre.
L'étoile la plus brillante de cette constellation, Alphard, est elle aussi très facile à repérer : relativement isolée, elle se trouve dans le prolongement du segment Algieba - Regulus. Pour ce qui est des autres étoiles, ne perdons pas trop de temps à essayer de les localiser : elles sont très peu lumineuses et, ce qui n'arrange rien, très basses sur l'horizon.

L'Hydre femelle

Afin d'être complets, précisons que l'Hydre femelle s'étend jusque sous les constellations de la Vierge et de la Balance (voir ci-dessous).

L'Hydre femelle

Dans la mythologie grecque, cette constellation représentait l'Hydre de Lerne, créature monstrueuse dotée de plusieurs têtes qu'Héraclès parvint à tuer grâce à l'aide apportée par son neveu Iolaos (voir ici !).

Deux petites constellations, fort discrètes et ne présentant qu'un intérêt fort limité nous attendent encore : la Coupe et le Sextant.
La Coupe ! se trouve à "droite" du Corbeau, et nécéssite un ciel de bonne qualité pour être observée, tant les étoiles qui la composent sont peu lumineuses. Dans la mythologie grecque, il s'agissait tantôt de la coupe d'Apollon, tantôt de celle de Dionysios, cela dépend des versions.
Quant au Sextant, il s'agit de l'une de ces constellations "bouche-trou" créées par Johannes Hevelius (en 1690) dans le seul but de combler un vide. Il est à noter qu'en 1643, le moine Antoine de Rheita avait déjà rempli cet espace vide avec une petite constellation à laquelle il donna le nom de Suaire du Christ, mais cette création n'eut pas le succès escompté et tomba rapidement en désuétude.

La Coupe et le Sextant

Nous voici arrivés au terme de cette promenade céleste printanière, j'espère qu'elle vous aura plu, sinon tant pis. Je vous souhaite donc une bonne nuit, et vous dis à très bientôt : les constellations d'été nous attendent...

Hiver

Eté

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