Mésopotamie : quelques points de repère

La Mésopotamie (du grec ''entre les fleuves'') désigne une région de 375 000 km2 située dans le Croissant fertile, entre les bassins du Tigre et de l'Euphrate. Constituée de l'Irak et d'une partie de la Syrie actuels, elle comprend au nord une région de plateaux (zone de culture fluviale) et au sud une région de plaines où s'est développée une agriculture basée sur l'irrigation.

La présence de l'homme y est attestée depuis plusieurs millénaires, mais nous ne nous intéresserons ici qu'à l'époque historique, qui commence avec la période dite d'Uruk ! (de 3 400 à 2 900 av J.-C.), au cours de laquelle la civilisation sumérienne (Sumer est l'ancien nom du sud de la Mésopotamie) conquiert la Mésopotamie et met au point l'écriture cunéiforme !. Cette phase est caractérisée par une complexification de la société liée à l'apparition des premières ''cités-états'' (Ur, Uruk, Lagash...), qui se développent autour de grandes constructions, généralement des temples ou des palais. On assiste durant cette période au développement de l'agriculture (utilisation de l'araire, perfectionnement de l'irrigation) et du commerce, notamment grâce à l'invention de la roue qui facilite le transport des marchandises.

Dans le domaine scientifique, nous sommes redevables aux Sumériens d'avoir semble-t-il été les premiers à utiliser le système sexagésimal (base 60), qui sera repris par les Babyloniens. C'est à cette base que nous devons la division de nos heures en 60 minutes (et bien entendu des minutes en 60 secondes). Son principal intérêt réside dans le fait que le nombre 60 possède de nombreux diviseurs (2, 3, 4, 5, 6, 10, 12, 15, 20 et 30), tandis que le nombre 10 n'est divisible que par 2 et 5.

La religion occupe une place très importante dans le monde sumérien. Le roi, à la fois chef d'Etat et grand prêtre, n'est pas considéré comme un dieu – contrairement aux pharaons d'Egypte – mais comme le mandataire de la divinité, dont il fait respecter les lois et gère les propriétés. Les Sumériens étant polythéistes, leur panthéon ! comporte de très nombreuses divinités, mais certaines se voient accorder un rôle prééminent. Ainsi en est-il de An (le maître du ciel), d'Enlil (le dieu de l'air et du vent) et d'Enki (régnant sur les eaux douces souterraines), qui constituent la Triade divine. Quant au monde infernal, il est le domaine de Nergal, fils d'Enlil. Une divinité est également associée à chacun des trois grands luminaires : Nanna à la Lune, Utu au Soleil et Inanna à Vénus. Outre une multitude de divinités mineures, on trouve dans le panthéon sumérien nombre de génies censés présider aux destinées humaines.

Aux alentours de 2 300 av J.-C., la dynastie d'Akkad !, fondée par le roi Sargon, soumet la Basse Mésopotamie et contribue à l'unification des cités, permettant ainsi son essor économique. La civilisation akkadienne, de langue sémitique, reprend et renomme le panthéon sumérien, puique l'on y retrouve Anu (le dieu-ciel), Sîn (le dieu-Lune), Shamash (le dieu-Soleil) et Ishtar (la déesse Vénus). Toutefois, faute d'une centralisation suffisante dans l'administration de l'empire, la classe dirigeante akkadienne finit par succomber et la civilisation de Sumer reconquiert la Mésopotamie vers 2150 av J.-C..

Simple parenthèse puisqu'au début du IIè millénaire av J.-C. elle est à son tour évincée par la dynastie amorrite (civilisation paléo-babylonienne). Cette nouvelle ère, qui va s'étendre sur environ trois siècles, est dominée par la figure d'Hammurabi, dont le nom est indissociable du fameux Code de lois ! dont il fut l'instigateur. Babylone est maintenant la première ville du Proche-Orient par sa richesse et sans doute déjà par son activité intellectuelle. De 1894 à 301 environ avant J.-C., des Amorrites aux Macédoniens, des conquérants étrangers la choisiront comme capitale.

En 1595 av J.-C., le roi hittite Mursili 1er prend et pille Babylone, mettant fin à la dynastie amorrite. Tandis que l'armée hittite se retire en Anatolie (l'actuelle Turquie), la capitale est rapidemment occupée par les Kassites (peuple issu des Montagnes du Zagros), inaugurant une période de troubles au cours de laquelle les conflits se multiplierons, notamment avec l'Assyrie.

C'est d'ailleurs l'Assyrien Assourdan 1er qui donnera le coup de grâce à la dynastie kassite en 1156 av J.-C., état de fait dont les pricipaux bénéficiaires seront les Élamites, venus piller les riches cités de Mésopotamie.

Après 1153 av J.-C., la royauté passe à des rois de langue sémitique. Nabuchodonosor 1er met en déroute le roi d'Elam et instaure le culte de Mardouk (surnommé Bel ou Baal), qui éclipsera les divinités protectrices des autres cités de Basse Mésopotamie. L'influence de l'Assyrie ira alors crescendo, allant jusqu'à régner conjoitement avec Babylone sur laquelle elle prendra souvent l'ascendant, et ce jusqu'à la chute de Ninive en 612 av J.-C..

Babylone retrouve son influence entre 626 et 539 av J.-C.. La civilisation qui en résulte (dite néo-babylonienne) culmine sous le règne de Nabuchodonosor II (au cours duquel les Judéens sont déportés à Babylone), après que l'empire assyrien ait été abattu par le père de ce dernier.

En 539 av J.-C., l'Achéménide Cyrus II, roi des Perses, s'empare de l'empire babylonien et étend sa domination sur la Mésopotamie et le Proche Orient, mettant fin à l'indépendance de Babylone, qui connaîtra malgré tout une période très prospère.

En 331 avant J.-C., le dernier des Achéménides, Darius III, tombe à Gaugamélès sous les coups du Macédonien Alexandre le Grand. Après la mort de ce dernier, la Mésopotamie est dominée par les Séleucides (du nom de Séleucos, l'un des généraux d'Alexandre), et se heurte à la sphère culturelle hellénistique, ce qui entraînera son déclin.

Les Parthes chassent à leur tour les Séleucides de Mésopotamie dans le courant du IIè siècle de notre ère. C'est sous leur règne que disparaît définitivement l'antique culture mésopotamienne. Cela vaut bien une minute de silence...


Astronomie pour les myopes - Mentions légales