Nous allons maintenant prendre le large et voyager (au moins par la pensée) jusqu'au système stellaire
le plus proche de la Terre. Alpha du Centaure, également appelée Rigil Kentaurus ou Toliman,
est une
étoile binaireUne étoile binaire, appelée également étoile double physique,
est un système constitué de deux étoiles orbitant l'une autour de l'autre, auxquelles on attribue le nom de
l'étoile principale, suivi des lettres A (pour la plus brillante) et B. C'est ainsi que Sirius B désigne la
petite étoile (naine blanche) qui accompagne la brillante Sirius.
C'est en 1802 que l'astronome William Herschel emploie pour la première fois l'expression "étoile
binaire" afin de désigner les "couples" d'étoiles unies par la force de gravitation.
(la plupart des étoiles sont binaires ou multiples), distante d'environ 40 000 milliards de km, soit
270 000 unités astronomiques (elle est donc 270 000 fois plus éloignée que le Soleil !).
Il s'agit même d'un système triple mais le troisième membre de cette famille, Proxima du Centaure, bien
qu'à peine plus proche de nous, est totalement invisible à l'oeil nu car ce n'est qu'une modeste
naine rouge
Les naines rouges sont de petites étoiles, très peu lumineuses, dont la
température de surface est inférieure à 4000°C. Bien qu'aucune d'entre elles ne soit visible à
l'oeil nu, la majorité des étoiles appartiennent à cette catégorie, ce qui est le cas notamment
de Proxima Centauri, étoile la plus proche après le Soleil. Leur masse s'échelonne entre 8% et
40% de celle du Soleil. Quant à leur luminosité, elle s'étend sur une plage beaucoup plus importante,
allant de 0,001% de la luminosité du Soleil, à 3-4% pour les plus brillantes..
Le principal intérêt de Proxima réside dans le fait qu'en août 2016 on découvrit que cette dernière était
accompagnée d'une petite
exoplanèteUne exoplanète, encore appelée planète extrasolaire, est une
planète qui gravite autour d'une étoile autre que le Soleil. A l'heure actuelle (en 2019), on en a recensé près
de 4 000.,
Proxima b !,
dont la masse est légèrement supérieure à celle de la Terre, ce qui fait certainement d'elle une planète
tellurique.
La sonde
Voyager 2
Lancée le 20 août 1977, la sonde Voyager 2 survola les quatre planètes
géantes gazeuses, nous envoyant ainsi les toutes premières images en haute résolution de l'atmosphère
de Neptune, en 1989. Distante aujourd'hui de près de 17 milliard de km du Soleil dont elle s'éloigne
à la vitesse de 15 km/s, elle se dirige vers l'étoile Sirius, qu'elle devrait
atteindre, si tout se passe bien, dans 296 000 ans. Affaire à suivre...,
objet le plus rapide fabriqué par l'homme (elle s'éloigne du Soleil à 56 000 km/h), mettrait environ
30 000 ans pour atteindre ce système (si elle se dirigeait vers lui, ce qui n'est pas le cas). Les voyages
interstellaires ne sont donc pas pour demain, encore que... Début 2016, un projet audacieux a vu le
jour : le programme Breakthrough Starshot
!.
Il s'agit d'envoyer dans l'espace une flotille de minuscules sondes spatiales
d'environ un gramme munies de voiles solaires, et de les propulser depuis la Terre à l'aide de rayons
lasers, ce qui leur permettrait d'atteindre notre voisine en 40 ans à peine. Affaire à suivre...
On voit bien que les unités de mesure courantes sont totalement inadaptées pour de telles distances, aussi
utiliserons-nous dorénavant une autre référence, basée sur la lumière. Dans le vide, en une année, celle-ci
parcourt une distance de l'ordre de 10 000 milliards de km : c'est ce que l'on appelle une année-lumière
(notée al, ou a.l, ou A.L). Exprimée dans cette nouvelle unité, la distance qui nous sépare d'Alpha du Centaure
n'est plus que de 4,37 a.l, ce qui a le mérite de grandement simplifier les choses (il existe une autre unité
de mesure très utilisée en astronomie, le
parsecLe parsec est la distance à laquelle devrait se trouver une étoile pour
avoir une parallaxe de une seconde d'arc. Dit autrement, c'est la distance depuis laquelle une unité
astronomique (distance Terre-Soleil) nous apparaîtrait sous un angle de une seconde d'arc. Un parsec
vaut environ 3,26 années-lumière.,
mais nous ne l'emploierons pas ici). Sa lumière mettant un peu plus de quatre années à nous parvenir, elle
nous apparaît de ce fait telle qu'elle était quatre ans auparavant : regarder les étoiles c'est donc, d'une
certaine façon, regarder le passé.
Il est à noter que si Proxima du Centaure est aujourd'hui l'étoile la plus proche (après le Soleil), tel ne
fut pas toujours le cas. Découverte en novembre 2013, la petite étoile de Scholz (une naine rouge elle
aussi) a "frôlé" le système solaire il y a environ 70 000 ans, passant à environ 0,8 al du Soleil. Elle a donc
traversé le nuage d'Oort, sous réserve toutefois que ce dernier existe vraiment. Depuis, elle a fait
son bonhomme de chemin : elle se trouve aujourd'hui à une vingtaine d'années-lumière, dans la constellation
de la Licorne.
Dans notre maquette au un milliardième (où la Terre a la taille d'une bille), Alpha du Centaure serait distante de 40 000 km. Or, les étoiles que voyons à l'oeil nu sont souvent beaucoup plus éloignées, parfois à des dizaines, voire des centaines d'années-lumière. La plus lointaine d'entre elles, la gigantesque Rhô de Cassiopée, est même située à plus de 8000 al. Pourtant, il ne s'agit là que de la proche banlieue ! Notre Soleil, modeste étoile appartenant à la catégorie des naines jaunes, fait en effet partie d'un gigantesque ensemble comportant plus de 200 milliards d'étoiles, la Voie Lactée (c'est le nom de notre galaxie), que l'on désigne parfois comme étant la Galaxie (avec une majuscule). L'emploi du terme "Voie Lactée" devrait en principe être réservé à la bande laiteuse qui traverse le ciel nocturne, correspondant à la portion de la Galaxie que l'on peut voir à l'oeil nu depuis la Terre. Ceci dit, n'étant pas là pour chipoter, nous continuerons à faire usage de l'expression "Voie Lactée" pour désigner la Galaxie dans son ensemble.
Celle-ci tire son nom de la mythologie grecque : alors qu'Héraclès tétait vigoureusement
le sein de la déesse Héra, un puissant jet de lait nourricier gicla de la divine poitrine, éclaboussant
abondamment la voûte céleste qui conserva la trace de cet événement.
Même si cette explication n'avait plus court depuis longtemps, il faut attendre l'année 1610 pour que l'on
commence à comprendre sa véritable nature, quand Galilée (1564-1642) tourne vers elle une lunette rudimentaire
et relate son expérience dans le Sidereus Nuncius ("Messager Céleste") : "La Voie Lactée n’est
autre, en effet, qu’un amas d’innombrables étoiles disséminées en petits tas." En 1750, l'astronome
britanique Thomas Wright (1711-1786) confirme ces observations et décrit la Voie Lactée comme
étant un système stellaire aplati à l'intérieur duquel nous nous trouvons, mais c'est son compatriote
(d'origine allemande) William Herschel (1738-1822), qui fournit alors l'étude la plus approfondie
sur le sujet.
Né à Hanovre le 15 novembre 1738, Friedrich Wilhelm Herschel reçoit de la part de son
père une solide éducation musicale, ce qui le conduit à embrasser une carrière de compositeur et d'organiste.
En 1756, durant la guerre de Sept Ans, il est appelé sous les drapeaux afin de se battre contre les Français
mais, horrifié par les massacres auxquels il assiste, notamment lors de la bataille d'Hastenbeck (juillet 1757)
au cours de laquelle il failli laisser la vie, il quitte l'armée et son pays et part s'installer en Angleterre.
Il anglicise son prénom et se fait désormais appeler William. Revenant à la musique, il gagne sa vie en tant que
chef d'orchestre et hautboïste, et compose de nombreux concertos et symphonies (vous pouvez écouter l'une d'entre
elles ici !).
Mais notre homme nourrit également une autre passion, qui va petit à petit prendre une
place prépondérante dans sa vie : l'astronomie. Assisté de sa soeur
Caroline
Caroline Herschel (1750-1848), soeur cadette de William, aurait pu être surnommée Cosette. Atteinte du
typhus à l'âge de 10 ans, elle en conservera des séquelles (notamment sa petite taille, 1m40) qui lui vaudront
de rester célibataire toute sa vie. Sa mère, profitant de la situation, la traite comme une véritable esclave.
Elle profite du décès de son père pour rejoindre William en Angleterre afin de l'assister dans ses travaux, et
devient ainsi la première femme de l'histoire à être considérée comme astronome professionnelle. On lui doit
notamment la découverte de huit comètes et de la nébuleuse M 110 (galaxie elliptique naine satellite de la
galaxie d'Andromède).
qui le rejoint en 1772 suite au décès de leur père, il passe dès lors le plus clair de ses nuits
à scruter la voûle céleste, à l'aide d'instruments qu'il construit de ses propres mains. En 1781, il
découvre la planète Uranus, ce qui lui vaut de la part du roi George III l'attribution d'une
modeste rente annuelle, suffisante toutefois pour lui permettre de consacrer l'essentiel de son temps
à l'observation astronomique et à la confection de télescopes. Le dessin ci-contre nous montre le
plus gros de tous, construit en 1789. Hélas, bien que doté d'un miroir de 48 pouces (122 cm) de diamètre,
cet instrument s'avéra plutôt décevant, fournissant des images de piètre qualité.
En 1783, l'observation du
mouvement propreDécouvert en 1718 par l'astronome Edmond Halley, le mouvement
propre des étoiles correspond au mouvement de ces dernières sur la voûte céleste, tel que vu depuis
la Terre.
Dans ce domaine, le record de "vitesse" est détenu par l'étoile de Barnard, qui parcourt dans le ciel
un angle correspondant au diamètre de la pleine Lune (soit 30' d'arc) en 180 ans.
des étoiles sur la voûte céleste amène William Herschel à conclure que le système solaire se déplace dans
l'espace et se dirige vers un point situé dans la constellation d'Hercule : l'apex.
Des dénombrements d'étoiles effectués dans plus de 600 régions du ciel lui permettent de déterminer la forme
de la Voie Lactée et de préciser la position occupée par le Soleil : constatant que, dans le plan de notre
galaxie, la densité d'étoiles est la même dans toutes les directions, il en déduit (à tort !) que celle-ci
ressemble à une "roue de moulin" et que nous en occupons le centre. En effet, s'il n'en était pas ainsi,
on observerait davantage d'étoiles dans une direction particulière, celle où est censée se trouver ce
fameux centre. Or, tel n'est pas le cas... Ignorant à quelles distances se trouvent les étoiles (il faut
en effet attendre l'année 1838 pour que l'astronome allemand Friedrich Wilhelm Bessel effectue les
premières mesures précises), il part de l'hypothèse selon laquelle ces dernières possèdent toutes
le même éclat intrinsèque (on sait aujourd'hui qu'il n'en est rien), ce qui lui permet (pense-t-il) de
déterminer leurs distances relatives, les plus brillantes étant, en vertu de cette hypothèse, les
plus proches, et inversement. C'est ainsi qu'il produit, en 1785, la première "carte" de notre galaxie.
En plus d'être le découvreur des "rayons calorifiques" (que l'on appelle aujourd'hui les infrarouges),
William Herschel est également l'auteur d'un catalogue de nébuleuses, enrichi par son fils
John
John Herschel, astronome comme son père, découvre de nombreux amas d'étoiles et nébuleuses,
notamment dans le ciel austral qu'il cartographie entre 1834 et 1838 depuis l'observatoire du cap de
Bonne-Espérence. Il est également considéré comme un pionnier de la photographie, puisqu'il invente
le premier fixateur, à base de thiosulfate de sodium., qui l'étendra à l'hémisphère austral.
Ce catalogue sera à nouveau complété et révisé en 1888 par John Louis Emil Dreyer (1852-1926), qui en
fera le New General Catalogue, encore en usage de nos jours (le sigle NGC est bien connu des astronomes
amateurs).
Il y aurait encore bien des choses à raconter au sujet d'Herschel, mais il n'est pas tout seul...
En 1930, Robert Jules Trumpler (1886-1956) constate que la luminosité des
amas ouverts
Les amas ouvert sont des groupes d'étoiles situés dans le plan de la Galaxie, le plus souvent dans les
bras spiraux, comportant quelques dizaines à plusieurs milliers d'étoiles. Ces dernières, nées au coeur de
vastes nébuleuses, finissent par se disperser au bout de quelques centaines de millions d'années. Les amas
ouverts ne sont donc pas des structures pérennes.
Le plus connu d'entre eux, l'amas des Pléïades (image ci-dessus), se trouve à près de 440 al de la Terre.
les plus lointains est plus faible que prévue et que leurs étoiles paraissent plus rouges que la normale. Il
vient de découvrir ce que l'on appelle aujourd'hui l'extinction stellaire, phénomène dû à la présence
de gaz et de poussières le long de la ligne de visée, qui ont pour effet d'atténuer la lumière issue des étoiles
lointaines jusqu'à les rendre parfois invisibles (du moins dans les longueurs d'ondes auxquelles nos yeux sont
sensibles). Ceci explique l'erreur d'Herschel qui, en raison de cette absorption, ne pouvait voir que les étoiles
"proches" (tout est relatif), lui donnant ainsi l'impression que nous occupons une position centrale dans la
Voie Lactée. Mais alors, qu'en est-il vraiment ?
Voyons cela d'un peu plus près... Dans les années 1920, l'astronome américain Harlow Shapley (1885-1972)
démontre que les
amas globulaires
Un amas globulaire est un amas d'étoiles très dense, de forme sphériques, pouvant contenir
jusqu'à plusieurs centaines de milliers d'étoiles (contrairement aux amas ouverts, il contiennent
principalement de (très) vieilles étoiles). Notre galaxie en possède environ 150, qui gravitent
autour d'elle dans ce que l'on appelle le halo galactique. C'est l'observation de la répartition
de ces amas globulaires autour de la Voie Lactée qui permit à Harlow Shapley, aux alentours des
années 1920, d'en estimer la taille, d'en localiser le centre, et de démontrer que nous en étions fort
éloignés.
gravitant autour de notre galaxie (il y en a une bonne centaine) se répartissent dans un volume sphérique
dont le centre se trouve dans la constellation du Sagittaire. Partant du principe que ce centre coïncide
avec celui de la Voie Lactée, il estime que nous en sommes éloignés de 65 000 al. Cette distance sera
revue à la baisse par Trumpler qui, tenant compte de l'extinction stellaire, la remènera à "seulement"
26 000 al. Nous ne sommes donc pas au centre de ce système, et c'est heureux pour nous (nous verrons
bientôt pourquoi).
Cette dernière s'étendant sur environ 100 000 années-lumière (soit un milliard de milliards de km), cela prendrait un millier de siècles pour la traverser de part en part, et ce à la vitesse de 300 000 km/s ! Même à l'échelle de notre maquette (au un milliardième), la Voie Lactée ferait encore un milliard de km de diamètre. Il devient donc urgent d'effectuer une nouvelle réduction, de telle sorte que la taille de l'orbite de la Terre soit ramenée à la dimension d'une minuscule tête d'épingle de 0,3 mm de diamètre, ce qui revient à diminuer la taille de l'Univers d'un facteur un million de milliards ! Reste à espérer que cela s'avère suffisant...
Sur cette nouvelle maquette, Alpha du Centaure se trouverait à 40 mètres du Soleil, et notre galaxie
aurait approximativement la taille de la France, soit 1000 km de diamètre. Je me permets de rappeler qu'à
cette échelle, la Terre ne serait plus qu'à 0,15 millimètres du Soleil ! Jusque dans les années 1920, la
plupart des astronomes pensaient d'ailleurs que l'Univers entier se résumait à la Voie Lactée : nous
verrons au cours de nos pérégrinations célestes que c'est loin (très loin !) d'être le cas.
Avant de poursuivre notre exploration, prenons le temps de faire plus ample connaissance avec cette Galaxie qui est la nôtre. Vue de face (image de synthèse ci-dessus), elle présente l'aspect d'un "tourbillon", au centre duquel (région de couleur jaune) on distingue une sorte de ''barre'' : elle appartient en effet à la famille des galaxies spirales barrées (nous verrons cela plus en détails dans le chapitre suivant). De profil, elle ressemble vaguement à un oeuf sur le plat, ou encore à une limace bleue qui aurait avalé une balle de golf, à l'image de la galaxie NGC 4565.
Notre système solaire est situé, nous venons de le voir, dans la périphérie de la Voie Lactée, à environ 26 000 années-lumière du centre de cette dernière, dans une région appelée bras d'Orion, bras mineur situé entre le bras de Persée et le bras du Sagittaire. Entraîné par la rotation de la Galaxie, il met environ 230 millions d'années à en faire le tour complet. Elle est donc tellement gigantesque qu'il est physiquement impossible d'en sortir pour la photographier de l'extérieur. Il est malgré tout possible, dans une certaine mesure, de se faire une idée de son aspect en mesurant la distance et le mouvement des étoiles qui la composent, en déterminant la position des nuages de gaz, en observant la répartition des amas globulaires, et en la comparant aux autres galaxies, le tout mâtiné de simulations informatiques.
La plupart des étoiles de la Galaxie (près de 90% d'entre elles) sont plus petites que le Soleil : elles appartiennent majoritairement à la catégorie des naines rouges. Elles sont cependant invisibles à l'oeil nu, car leur luminosité est très faible. Paradoxalement, ce sont ces petites étoiles qui "vivent" le plus longtemps (plusieurs dizaines de milliards d'années) car elles dépensent leur énergie avec beaucoup de parcimonie.
Certaines étoiles au contraire sont de véritables monstres, à côté desquels notre Soleil ferait bien pâle figure : elles sont qualifiées de supergéantes, voire d'hypergéantesLes étoiles hypergéantes sont des étoiles très massives (parfois plus de 100 masses solaires) ayant une luminosité extrême, pouvant atteindre plusieurs millions de fois celle du Soleil. Elles peuvent être rouges, jaunes ou bleues, leur couleur étant déterminée par leur température de surface, comprise entre 3000°C (environ) pour les plus froides (les rouges) et près de 35000°C pour les plus chaudes (les bleues). . Pour ne prendre qu'un exemple, l'étoile du Pistolet, située près du centre de la Voie Lactée, serait environ 5 millions de fois plus lumineuse que notre étoile ! Bien que cent fois plus massive que le Soleil, son espérance de vie n'est toutefois "que" de quelques millions d'années car, contrairement aux naines rouges, ce type d'étoile - extrêmement rare - brûle son combustible à un rythme effréné. Ce n'est pourtant pas la plus grande étoile connue (elle fait quand même cent fois la taille du Soleil !). Dans ce domaine, la palme revient sans doute (en tout cas pour le moment) à l'étoile Stephenson 2-18, située à 20 000 années-lumière de la Terre dans la constellation de l'Ecu de Sobieski. Son diamètre est estimé à 2150 fois celui du Soleil, soit environ 3 milliards de km : placée au centre du système solaire, elle engloberait l'orbite de Saturne. Un avion de ligne mettrait un peu plus de 1000 ans pour en faire le tour complet !
Ces énormes étoiles finissent généralement leur vie dans des explosions apocalyptiques appelées
supernovae, au cours desquelles leur éclat peut, quelques semaines durant, rivaliser
avec celui d'une galaxie entière. Lors d'un tel événement, le coeur de l'étoile s'effondre pour donner
naissance à une étoile à neutrons (petite étoile hyperdense), voire à un trou
noir, c'est à dire un astre qui exerce une force gravitationnelle telle que même la
lumière, en deçà d'une certaine distance appelée horizon, ne peut s'en échapper.
Les supernovae sont des événements extrêments rares puisqu'on estime que dans une galaxie comme
la notre, il ne s'en produit qu'une à trois par siècle.
Pour vous faire une meilleure idée des dimensions relatives des planètes et des étoiles, vous pouvez vous rendre ici !, ou là !.
Près de la moitié des étoiles vivent en couples (il s'agit donc d'étoiles binaires) ou forment des systèmes multiples. Leur étude est particulièrement importante car il est beaucoup plus facile de déterminer leur masse (en faisant appel aux fameuses lois de Kepler !) que celle des étoiles célibataires. De plus, nombre d'étoiles sont, à l'instar du Soleil, accompagnées de planètes (on parle alors d'exoplanètes ou de planètes extrasolaires). A ce jour (mars 2022), ce sont près de 4980 exoplanètes dont l'existence a été confirmée, et la liste ne cesse de s'allonger !
En plus de ces étoiles et de leurs planètes, notre galaxie contient de grandes quantités de gaz (principalement de l'hydrogène et de l'hélium) et de poussières, concentrés dans des ''nuages'' plus ou moins grands et plus ou moins denses. Certains de ces nuages, appelés nébuleuses, sont de véritables ''pouponnières'' d'étoiles : sous l'effet de la gravité, une nébuleuse peut en effet se contracter, devenant ainsi de plus en plus dense et de plus en plus chaude, jusqu'à donner naissance à un amas d'étoiles. En retour, ces toute jeunes étoiles illuminent la nébuleuse dont elles sont issues, lui conférant une multitude de couleurs, caractéristiques des gaz qui la composent et des conditions physiques qui y règnent.
La plus célèbre d'entre elles, la nébuleuse d'Orion (image ci-dessus), peut être observée
lors des soirées d'hivers à l'aide d'une simple paire de jumelles. Située à environ 1300 années-lumière
de chez nous, elle s'étend sur une trentaine d'années-lumière (soit 300 000 milliards de km) ce qui n'a
rien d'exceptionnel pour une nébuleuse de ce type. Ces dernières sont souvent nichées dans des nuages de
gaz et de poussières encore plus grands, appelés nuages moléculaires, pouvant s'étendre sur
plus de 300 années-lumière. Notre Voie Lactée contiendrait environ 6000 de ces nuages moléculaires,
localisés dans les bras spiraux.
En ce qui concerne les poussières évoquées ci-dessus, bien que ne représentant qu'une part infime de la masse totale de la Galaxie, leur rôle est néanmoins essentiel puisque sans elles, nous ne serions pas là pour en parler. Très petites (généralement inférieures à 0,1 micron), leur composition est assez variable : elles peuvent contenir du silicium, du fer, du nickel, du carbone, de l'eau (sous forme de glace)... autant d'éléments qui interviennent dans la constitution des planètes (autrement dit : pas de poussières, pas de planètes). Encore un point : imaginons que nous prenions l'équivalent d'une cuillère à soupe de poussière interstellaire et que nous la dispersions dans un cube de 1000 km de côté, eh bien nous obtiendrions ce qui, en astronomie, est considéré comme une région poussiéreuse ! Cela paraît dérisoire, mais les distances sont ici tellement délirantes que malgré cette très faible densité, cela finit par faire beaucoup de poussières, assez en tout cas pour gêner les astronomes. Certaines zones, comme le centre de notre galaxie, sont même rendues inaccessibles à l'observation en lumière visible, ce qui nécessite l'emploi de télescopes sensibles aux rayons infra-rouges, peu affectés par la présence de ces poussières, voire de radio-télescopes qui font, comme leur nom l'indique, appel aux ondes radio.
Visible sur l'image suivante, la nébuleuse de la Tête de Cheval appartient à la catégorie des nébuleuses obscures. Riches en gaz et en poussières, ces nébuleuses sont généralement des lieux de formation d'étoiles, mais comme ces étoiles ne sont pas visibles (justement à cause des poussières), cela donne la fausse impression que ces régions sont vides alors qu'il n'en est rien, bien au contraire.
Nous ne pouvons quitter notre galaxie sans évoquer le monstre tapi au centre de cette dernière, totalement invisible et pourtant capable d'engloutir tout ce qui passe à sa portée : étoiles, planètes, baleines à bosses, et même les redoutables cakes aux olives de tante Simone, rien ne l'arrête ! Vous aurez sans doute reconnu dans cette brève description le portrait de l'un des objets célestes les plus fascinants qui soient : un trou noir supermassif. On pense aujourd'hui que la plupart des grosses galaxies en possèdent un en leur centre. Celui qui trône au coeur de la Voie Lactée, baptisé Sagittarius A* (ou Sgr A*), est somme toute relativement modeste, puisque sa masse atteint péniblement quatre millions de fois celle du Soleil, alors que celle du trou noir associé à la galaxie Holmberg 15A, distante de 700 millions d'al, a été récemment estimée à 40 milliards (!) de masses solaires. L'avantage de Sagittarius A*, c'est qu'il est tout proche de chez nous (à seulement 26 700 années-lumière d'après les dernières estimations), ce qui a permis aux astronomes de collecter des images durant une quinzaine d'années (de 1995 à 2010), et de réaliser une petite animation ! montrant le mouvement des étoiles qui lui tournent autour, à près de 1000 km/s.
Il y aurait encore bien des choses à raconter à ce sujet, mais une longue, une très longue route, nous attend...
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